Lundi le 24 février 2025. Lancement du blog

"Fruits de la fruiterie et du Maxi", nature morte. 2025 ©️AlexandreCotton

Lou reste à la maison puisqu'il se sent malade et j'ai mal à la tête, on doit être en train de se concocter un virus à deux. On va télétravailler en amoureux. Dehors, le bruit plastique d'une pelle qui tente de briser la couche de glace restante dans l'entrée du bloc, à l'intérieur, le tambour violent de la laveuse qui menace d'exploser en mille miettes à tout moment.

Je sors d'un weekend habité d'une question: qu'est-ce que je vais faire avec mes réseaux sociaux? J'ai échangé deux-trois textos avec Catherin qui vient de lancer son mignon blog. Elle a accompagné son annonce d'une publication Instagram annonçant les motifs de son départ: "Je ne ressens plus de joie ici". C'est d'une simplicité désarmante. On dirait que je volais au-dessus de l'évidence. Si les réseaux sociaux ne me font plus tripper, je dois couper le lien. Aussi simple que ça. 

C'est comme si j'essayais d'arrêter de fumer et que je prenais une cigarette de temps en temps. À court terme, ça soulage, ça donne le kick de dopamine nécessaire pour avancer et trouver la journée moins plate. À long terme, ça enfume la vision et te tue à petit feu.

Ayant grandi en région et n'ayant eu accès à une connexion internet qu'à mes 14 ans, j'ai découvert ce qu'internet avait à offrir à basse vitesse (il me fallait bien sélectionner ma vidéo YouTube, car je devais attendre 15 minutes pour qu'elle load au complet). Des jeux flash, des forums de stop motion en lego, jeuxvideo.com, des modèles à construire en papier... Mon cercle d'enfant unique se numérisait et se transposait en un univers que je magnifiais au bout de mes doigts. Mon anonymat et ma curiosité étaient maîtres. J'étais dans un constant frisson d'apprentissage et de découverte du monde.

Puis les réseaux sociaux sont apparus, avec ça une ultra conscience de ma personne; ce que je projette, ce que je pense (oh mon dieu comme j'avais besoin que les gens sachent à quoi je pense), ce que mes images disent de mon quotidien, où je suis, avec qui je suis (s'il vous plaît, faites que les gens voient à quel point notre bonheur en ce moment transperce l'écran). Aussi, maintenant que j'y pense, cette fixation à ajouter toujours plus d'amis dans mon cercle en ligne. En passant par les parents de mes amis, des gens au secondaire avec qui je ne parlais pas ou encore des inconnus cachés derrière des profils silencieux. Voir mon nombre d'amis augmenter signifiait que j'existais pour eux. Non?

De la rivière, les rapides avalent tout.

C'est dérisoire. Avec le recul que je dis ça bien sûr. Je ne peux ignorer tout le bonheur que j'ai trouvé sur ces plateformes. Mon village était éloigné de ceux de mes amis les plus proches et ça m'a apporté une proximité réconfortante; bâtissant la personne que je suis maintenant.

J'aime croire et je crois dur comme fer que l'internet prépandémique était un âge d'or du social. Même si je ne suis pas complotiste, je crois aussi à la théorie d'un Internet mort. Surtout sur Facebook où plus rien ne semble vrai. Des publications vides aux images générées par IA, mâchées et remâchées par des gens qui tombent dans le panneau. C'est d'une tristesse sans nom et ça donne froid dans le dos.

Internet est mort; vive Internet!

Je me replie donc dans ce petit coin du web, mon jardin digital. Je viendrai y planter les semences de mes idées et reviendrai les désherber de temps en temps. Je souhaite, en cet endroit, déposer mon esprit et cultiver mon processus artistique, réfléchir sur mes lectures récentes et amalgamer photos et mots. Aussi simple que ça.


Bienvenue ;)

Commentaires

  1. C'est MALADE !!! Longue vie à ton blog ! Youpi ! Hourra !! J'adore cette nouvelle vague fraîche qui redonne de la valeur aux blogs, c'est rempli de curiosité et de camaraderie. (C'est vrai ce que tu dis, que c'est comme essayer d'arrêter de fumer, mais prendre une cigarette de temps en temps...)

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    1. Ahhhhhh merci trop!! Chui trop content d'avoir fait le saut!

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